Film: Prince of Persia: Sands Of Time

Charles-Antoine () a dit:
Je ne veux surtout pas usurper son rôle à SVC, mais je profite quand même de ce nouvel échec du cinéma américain pour en souligner l'incroyable médiocrité actuelle, notamment au plan du discours, qui semble invariablement s'inspirer du programme du Tea Party Movement.

Reste éventuellement Inception, Salt ou Knight & Day pour sauver l'honneur de l'été cinématographique le plus déprimant depuis... l'an dernier.


Frederico () a dit:
C'est marrant de voir ce film dans la foulée de The Wolfman et de comparer les réceptions des deux films ici et sur Rotten Tomatoes. Prince of Persia n'est indéniablement pas un grand film, mais en contraste avec la grandiloquence de The Wolfman, le film de Newell aligne les clichés et suit un scénario prévisible sans prétention, avec un rhythme soutenu et une bonne humeur plutôt communicative. Gyllenhaal est assez original comme héros d'action, même après les heures passées à soulever de la fonte, Arterton campe avec charme et énergie une princesse Tamina qui ne manque ni de l'un ni de l'autre et Molina est tellement truculent en gredin qu'on pardonne à Kingsley de cachetonner.

Quand au discours, j'ai peur que Charles-Antoine souffre de Jobinite aiguë. C'est le personnage du gredin, à la tête d'un "aviodrome" clandestin (il faut voir le film pour comprendre) où il récolte l'argent de paris illégaux dans des courses truquées, c'est lui qui s’insurge à plusieurs reprises contre les taxes. C'est un personnage classique de grigou pingre au bon fond qui passe d'antagoniste à allié de circonstance, donc certainement pas le dépositaire du discours du film!

Par contre, on a des Perses présenté comme normalement l'est l'empire Romain ("là où passe les épées perses la loi règne"), on a un conspirateur qui déclenche une guerre sur la bases de preuves falsifiées qu'on tente de vérifier en cherchant d'élusives forges une fois la guerre terminée, on a un personnage principal qui accède aux plus hautes sphères de l'Etat grâce à ses qualités plutôt qu'à sa naissance, un roi fraîchement émoulu qui veut qu'on capture l'assassin de son père vivant pour pouvoir lui faire un procès et une héroïne qui est l'antithèse de la damsel in distress... Morale du film: être bon c'est tenter de limiter les dégâts dans une guerre injuste, être grand c'est de tout faire pour qu'une guerre injuste n'ait pas lieu. J'ai l'impression qu'on a fait pire!

Pour revenir à The Wolfman, deux autres points de similitude: 1) L'accent, inexplicablement hispanique dans la bouche de Lawrence, très indélicatement britannique (même pour Gyllenhaal!) pour les perses en toc. 2) L'Hindu Kush, soit les montagnes d’Afghanistan, source de la malédiction lycantropique dans The Wolfman et lieu où l'humanité a convaincu les dieux qu'elle méritait d'exister dans Prince of Persia.


Frederico () a dit:
Jordan Mechner, le créateur du jeu original dans les années nonante, a posté sa dernière version du screenplay du film avant qu'il ne passe dans d'autre mains et devienne ce qu'il est: http://jordanmechner.com/wp-content/uploads/2010/10/POPSOT-Jun2005.pdf