Si il y a pas mal de choses qu'on peut analyser, décortiquer, comparer et soupeser dans un film, il reste parfois une part insaisissable, quelque chose de fugace, qui transforme une séquence qui ne doit pas fonctionner en une séquence qui fonctionne. Personnellement j'appel ça la grâce et c'est à la fois magnifique et terrifiant. L'exemple de base pour moi c'est la séquence dans Yi-Yi où le jeune garçon est à l'école et visionne dans un auditoire assombri un film sur la météorologie et qu'il voit sa camarade, dont il est le soufre-douleur, se coincer la robe dans la porte, dévoilant ses cuisses et générant dans le coeur du personnage et sur l'écran de l'auditoire, un coup de foudre. C'est lourdingue, c'est même un poil glauque, ça ne peut pas marcher... et bien non, c'est bouleversant. La grâce. Air Doll du polymorphe Kore-Eda narre l'histoire d'une poupée gonflable qui prend vie. Avec un sujet aussi éminemment casse-gueule, il parvient à faire une féérie légère et poétique, une découverte ludique et douce-amère du monde où à plusieurs reprises la grâce rend magnifique l'infilmable. Malheureusement le film alterne entre ces moments magiques, de la comédie légère, des références cinéphiliques (la poupée prend un petit boulot dans un vidéo club - quel plaisir de l'entendre chantonner le thème de Combat sans code d'honneur!), des portraits délicats et des phases plus narratives, un peu pataudes, particulièrement au moment de conclure le récit. Je pousse quand même à trois, politique des auteurs oblige. |