Que je donne 4 étoiles à un film de Paul Verhoeven, sérieusement, qui l’eu cru ?!? Et pourtant, chers amis, qu’on se le dise, les superlatifs qui accompagnent ce Black Book ne sont pas usurpés! Qu’on me rappelle, en effet, le dernier film qui ait dressé le portrait d’une femme d’une manière aussi passionnante et, in fine, valorisante (La vie rêvée des anges rivalise peut-être)? Bien sûr, Ellis/Rachel n’échappe pas aux pulsions de vengeance propres à ses congénères, mais c’est sans doute l’héroïne la plus libre (sexuellement, socialement, financièrement) et la moins opportuniste qu’il m’ait été donné de voir depuis longtemps. Alors, à l’évidence, le tableau social n’est pas très reluisant, même peut-être encore plus sombre que d’habitude: il s’agit d’un occident presque exclusivement guidé par l’argent et la mort et où le conflit est aussi permanent qu’omniprésent. En cela, on peut imaginer que le Black Book est censé renvoyer à la « boîte noir » de nos sociétés, un inconscient où triomphe le pouvoir de domination sur l’autre, le fric et le meurtre… tout cela pour « sauver sa peau à tout prix » comme l’énonce ironiquement l’un des personnages du film. En plus de l’élégance de sa mise en scène, un des meilleurs scores de l’année et la qualité de ses interprètes, la force du film réside pour moi dans le jeu de symétrie (déjà développé dans plusieurs de ses films) qu’instaure le récit et qui finit par entrer en résonance avec le propos qu’il construit. Alors que l’histoire rétrospective débute et se clôt devant un lac « réfléchissant » (au début transparent, à la fin opaque), le film multiplie les passages d’un univers à l’autre, les dialogues par miroirs interposés, les écoutes par l’entremise d’une radio, le contraste entre le premier et le second plan, les travestissements, faisait de son héroïne double (Rachel/Ellis), le seul personnage qui puisse authentiquement passer d’un monde à l’autre (voir également le jeu des perruques dans Showgirls ou Basic Instinct…), notamment parce qu’elle compris la valeur de son corps et de son iconicité dans le cadre des échanges symboliques masculins. On saluera également l’accent mis sur la solidarité féminine, seule échappatoire face aux pouvoirs meurtriers des hommes, etc. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé ce film, son histoire d’amour improbable et espère que son réalisateur vivra assez longtemps pour en donner encore d’autres aussi magnifiques et envoûtant!!! Paul rules ! |
Très bon film, mais problème de longueur sur la fin. |
Une fin un peu longue, le film aurait pu être condensé. Mais magnifique personnage féminin (voir, sûrement, le commentaire de Charles-Antoine, pour un plus ample développement), et d'une manière générale un très bon cast. L'idée également que la guerre n'est jamais finie, qu'on ne fait que passer d'une lutte à une autre, est intéressante. |