Il y a deux axes principaux dans ce film de Hong Sang Soo: un axe thématique (le mouton noir) et un axe structurel (le rêve). Inutile de signaler que Hong fait toujours des variations autours des mêmes situations. Il y a toujours un réalisateur devenu professeur dont la relation avec une étudiante a tourné à l'aigre, étudiante autours de laquelle tournent en général un ou plusieurs étudiants/professeurs/réalisateurs. Dans ce film c'est l'étudiante, Haewon, qui est le personnage principal. L'originalité thématique c'est que c'est un personnage de mouton noir. Éduquée à l'étranger, métisse (peut-être), riche (peut-être), elle est un peu trop belle et un peu trop distante et un peu trop différente et un peu trop jalousée pour ne pas se sentir seule au monde quand sa mère décide de partir rejoindre son mari au Canada. Un vague à l'âme encore accru par une formation en arts dramatiques qui lui semble être du temps perdu. Voilà qui lui fait renouer, peut-être, avec le professeur qu'elle avait quitté un an plus tôt. L'originalité structurelle c'est que Haewon fait des rêves. Comme chacun sait, les rêves c'est le cerveau qui fait le ménage, archive et tisse des liens avec les choses que l'on a vécues et imaginées. Du coup, ces séquences sont faites de permutations de rôles, de reprises de motifs et de projections (au sens psychologique du terme) tout en concevant le même traitement visuel. Comme dans la réalité on revisite aussi régulièrement les même lieux, le film devient un exercice combinatoire assez ludique ou Hong nous manipule. C'est assez la classe et l'actrice (Jung Eun-chae) est magnifique, mais je doit dire que l'exercice n'est pas aussi vertigineux qu'espéré, la drame pas très poignant et la comédie pas aussi efficace que dans d'autres films de Hong. |