Film: Vice

Jean-Luc () a dit:
2,5 le film est par moments brillant et très drôle, mais cette virtuosité comique et le côté "méta" du film nuisent parfois au propos. Sam Rockwell is the ultimate W.


Vincent () a dit:
Difficile de surfer sur cette vague du docu fiction, qui doit à la fois porter un "message" et jouer le décalage afin de se démarquer d'un biopic plus conventionnel.

Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié le décalage, les incohérences comiques, qui produisent des surprises souvent très réussies. Le jeu entre images provenant de sources différentes, parfois intercalées très rapidement, propose aussi des contrastes efficaces. Et le cast est, globalement, tout à fait convaincant.

Un peu long en revanche, parfois un peu lourdeau dans sa volonté démonstrative (le "message", justement...). Et surtout le film mine de rien reconduit certains stéréotypes qui sont au cœur de l'idéologie qu'il prétend dénoncer: rôle de la femme par rapport aux sursauts significatifs de son Dick de mari, rôle néfaste des seconds (Cheney, Rumsfeld, etc.) agissant dans l'ombre d'une figure présidentielle qui, elle, semble toujours peu attaquable (même W, certes montré comme un teubé, mais précisément cible facile pour des hommes qui apprécient de rester dans les coulisses).


Robert () a dit:
La grande réussite de Big Short était dans sa déconstruction technique du système financier, ce qui est malheureusement assez peu réussi avec la géo-politique ici. A la sortie du film, j'ai repensé à Charlie Wilson's War qui ne semble un film plus réussi dans ce sens.

Cela reste assez hilarant et brillant (par fois trop), et de toute façon difficile de mettre moins 3 étoiles au réalisateur des meilleurs films de Will Ferrell !


Charles-Antoine () a dit:
2,5: je suis d'accord avec ce que vous dites, donc je ne développe pas. C'est un bon biopoic, mais qui paradoxalement passe très peu de temps sur les années (de vice-présidence) qu'il prétend dénoncer (la première partie est un peu trop longue à mon goût). J'ai apprécié le côté meta pour les même raisons que Vincent, même si en effet, comme toujours chez ce réalisateur, le discours du film est assez contradictoire. Mais moins que dans The Big Short: l'adresse finale au spectateur m'a bien plue à ce titre (et m'a rappelé The Wolf of Wall Street).


Laurent () a dit:
Le film frappe par la brillante mécanique qu’il déploie, plutôt pointue avec sa surprenante musique de contrepoint, un travail narratif assez approfondi avec ses séries alternantes et ses multiples couches d’énonciation (pas mal du tout, l’adresse du narrateur semi-impliqué dans le récit – contrairement aux explications face caméra un peu trop « just for fun » de Margot Robbie dans The Big Short), etc.
Les prestations grimaçantes sont toutes impeccables (pas de pb avec , mais j’aurais malgré tout adoré que Bush soit incarné par Will Ferrel, producteur d’ailleurs, lui-même, ce qui aurait établi un lien entre ce film et la série de sketches comme la tournée live mises en scène par le même réalisateur, Adam McKay, autour de ce même personnage de Bush). Ces caricatures assumées servent un film à charge: en gros un type de droite n’a aucune valeur autre que l’ambition personnelle et la soupe servie aux grandes corporations, ce qui est loin d’être une vérité absolue – peut-être pour les néo-libéraux mais pas vraiment pour les néo-con, qui ne sont pas moins des politicards arrivistes que les Clinton ou un d’Obama.
Oui d’accord, on s’en fiche, de cette caricature, si ça débouche sur de bonnes scènes comiques comme le fou rire se poursuivant hors champ de Rumsfeld/Carrell lorsqu’on lui demande en quoi il croit ou ce qu’il défend comme idées.

Mais le rire est tout de même un peu jaune, à force. Je repense à ce que Stone a su réaliser avec Nixon, associant la grimace à une vraie profondeur – et me dis que ce Vice, malgré son brio, son intelligence, son dynamisme, souffre lui-même de l'absence d’humanité qu’il condamne chez les personnes qu’il brocarde. Bon, OK, c’est vrai : Stone a aussi raté son film sur Bush, donc le sujet semble peu propice à la rédemption et la nuance…