Film: John Wick Parabellum

Frederico () a dit:
A nouveau sous la figure tutélaire de Buster Keaton, ce troisième John Wick enchaîne les scènes d'action en variant les registres (une même séquence peut passer d'un certain comique d'accumulation à une exécution glaçante), en accumulant les références (ça m'a frappé au visionnement, mais en rédigeant cette note je me souviens surtout d'un passage qui colle aux formes des jeux vidéo dit de "cover shooter" - la caméra derrière le héro en plan taille ou genou, qui s'abrite et surgit de couvert pour tirer sur des opposant qui font de même) et en cherchant pour chacune une originalité, quelque chose pour éviter la redite (jets de couteaux, chiens de combat, opposition blindée, etc).

Comme c'est le troisième épisode, le choc du style des chorégraphies de combat n'est plus là, mais la tenue d’ensemble reste solide et le sel vient des originalités mentionnées précédemment et des artistes martiaux engagés pour l'occasion. Mark "Crying Freeman" Dacascos, que je n'avais plus vu depuis 2003 et Cradle 2 The Grave, mais aussi Yayhan Ruhian et son compère Cecep Arif Rahman, les indonésiens spécialistes du silat rendu célèbre par The Raid et sa suite.

Le premier épisode évoquait un décorum un peu bobet d'une société secrète de tueurs, mais, étonnamment, l'exploration de ce décorum faisait une partie du charme du deuxième opus. Parabellum continue sur cette ligne et lève aussi un coin du voile sur le passé de Wick. C'est quand même un peu trop série Z pour moi et, dans mon souvenir, moins astucieux que dans le second volet, mais pourquoi pas finalement...

Reste que Reeves est incapable de dire une réplique et que, si il est à l'aise dans les combats, le voir courir est un supplice (c'est limite Johnny Hallyday dans Vengeance de Johnnie To!). Decascos qui tente de parler en japonnais c'est aussi très dur, sans compter que la dimension comique de son personnage (à la fois antagoniste et super fan de Wick) est particulièrement ratée. Un dernier bémol: sans se la jouer "montage interdit", l'emploi d'effets spéciaux digitaux dans de tels "films de cascadeurs" gâche un peu le plaisir, même si leur emploi principal est de permettre aux lames de traverser les corps.


Vincent () a dit:
2.5.

Il me reste peu de souvenirs du 2e opus, mais j'ai été un peu plus pris par ce 3e volet – qui sera suivi d'un quatrième, au vu de la séquence finale... Pas trop de scènes de blabla, une variété dans les scènes d'action très significative (comme le note Frederico), un 2e degré plutôt bien assumé, une série de lieux plus improbables les uns que les autres (comme une recherche d'exotisme surrané dans un univers pourtant hypermoderne et hypertechnologisé)... et une manière SPOILER SPOILER de briser systématiquement tout élan de solidarité entre les figures principales, qui ne s'allient que momentanément et se trahissent dès que les intérêts divergent, que j'ai trouvé plutôt rafraîchissante et, disons, très honnête sur l'état du monde contemporain (tel qu'il pourrait se refléter dans un tel film).

Formellement, il y a aussi quelque chose de frappant avec une recherche assez systématique d'un usage de la profondeur (plutôt que la latéralité) pour restituer les actions. Même quand les personnages se parlent face à face, avant le champ/contrechamp attendu, ils sont souvent d'abord présentés avec un plan large qui les "repousse" vers l'arrière (pour le spectateur). Intrigant.

Une musique immonde en revanche. Là, il y aurait eu un sérieux effort à faire.