Film: Last Night in Soho

Laurent (VU) a dit:
Ce nouveau film de Wright, réalisateur préféré des cinéphiles trentenaires, me semble-t-il, tient assez bien ses promesses, lorgnant plus du côté conceptuel de Scott Pilgrim (le film référence de cet auteur), voire de Baby Driver (dont le début a marqué les esprits, mais sans que l'ensemble du film ne parvienne à égaler cette entame désormais classique) que de ses premières comédies enlevées mais au fond assez mainstream.
On se laisse gagner assez facilement par l'histoire de cette gamine de campagne fascinée par la culture pop des années 60 – et un "lifestyle" spécifique – et se retrouvant étudiante à Londres pour mieux constater l'écart entre passé et présent (elle se réfugie dès lors dans le fantasme onirique, se dédoublant pour y retrouver une autre jeune femme, emblème d'une époque supposément faste et rêvant de réussite dans le show business) comme celui entre le rêve et la réalité du Soho sixties. Comme dans toute une tendance du cinéma contemporain, c'est via la représentation du monde de la scène (et de ses coulisses – ici le dark side de la prostitution des starlettes de music-hall) que l'on produit un discours critique sur la s"ociété du spectacle".

On peut être surpris par la pertinence du portrait de deux jeunes femmes déniaisées, sur la base même de leur fétichisme consumériste, tout comme par le féminisme assez brutal de la fin (un moralisme tout droit issu du rape & revenge). Wright pêche quelquefois par sa volonté d'efficacité à tout prix, mais parvient malgré tout à enchaîner les séquences brillantes (montages alternés, jeux de miroirs, etc.) en glissant progressivement vers une horreur théâtrale (éclairages colorés…) entre Hammer et Bava. Pas mal.

L'argument principal pour se décider? Le cast, puisqu'on retrouve au générique les deux plus singulières révélations féminines de ces dernières années : Ana Taylor-Joy et, dans le rôle principal, la formidable Thomasin McKenzie! Sans parler de Diana Rigg, Terence Stamp et Matt "Prince Philip" Smith.

Sinon, je dois le redire : que se passe-t-il avec tous ces bons films fantastiques de suite, soudainement, après des années de disette?