Film: Under The Skin

Frederico () a dit:
Je ne sais pas si le film est bon, mais ça semble difficile de mettre moins de trois étoiles et une fois que tout cela aura sédimenté, peut-être que je pousserai à quatre.

La force et la principale limite du film, c'est que le livre éponyme dont il s'inspire a été éviscéré, abandonnant toute velléité explicative pour se focaliser sur un pur exercice d'entomologie extra-terrestre où les homo sapiens sapiens prennent le rôle des insectes (effet encore renforcé par des séquences improvisées tournée à la façon de Taxicab Confessions). La tension est à trancher au couteau alors que tout devient un ballet de chasseur et de proie, de manipulation, de désir et de tentation.

Dans le dernier tiers, une empathie se crée et soudain de corps étranger on tente de se fondre dans le moule. Je trouve que cette partie fonctionne moins bien, même si le film conserve une forme suprêmement stylisée, autant au niveau de l'image que du son, une certain Mica Levy (Micachou de son nom de scène - inconnue de mes services) nous livrant sa meilleure imitation de Ligeti.


Vincent () a dit:
D'accord avec Frederico. Je ne suis pas certain que le film ne soit pas en fin de compte une arnaque... Mais c'est en tout cas moins patent qu'avec "Locke". Je pousse à trois étoiles, car, visuellement et dans son esthétique globale, le film est plutôt bluffant, et j'apprécie l'alternance entre épure géométrique (abstraction des formes et de la lumière), plans de nature absolument superbes (l'Ecosse...), séquences en pseudo-documentaire, etc.
L'histoire en revanche... je n'ai pas lu le texte, mais, si je suis ce que dit Frederico, alors je dirais que l'éviscération a été poussée trop avant, car le manque absolu d'explication mine profondément la cohérence du film, et plus particulièrement lorsque le personnage principal commence, dans le dernier tiers, à "sortir" du plan de bataille alien (chasser des proies) pour se mettre à éprouver de l'empathie, et visiblement à chercher à comprendre les humains (plutôt qu'à les digérer). Rien ne permet véritablement d'appréhender ce basculement, qui en devient à la limite ridicule.
J'aurais préféré pour ma part que la dissection clinique se poursuive jusqu'à ses ultimes limites; le film en aurait été d'autant plus fort – sous le regard de l'entomologiste, tous les humains, quelle que soit leur condition, se ressemblent et peuvent mériter un sort identique.


Charles-Antoine () a dit:
Je suis sur la même longueur d'onde que mes amis grottiniens (2,5), même s'il faut avouer que j'étais très fatigué, donc peu apte à apprécier un film plutôt lent et singulier.


Jean-Luc () a dit:
Quand même un peu soporifique par moments. Contrairement à vous, je préfère la dernière partie du film, quand le personnage essaie de faire l'expérience de l'humanité.


Robert () a dit:
ah voilà un film que je me réjouis de voir dans l'avion en version bien censurée!

plus sérieusement avec Her and Lucy voici une trilogie assez intéressante sur l'évolution du corps cinématographique de SJ suite à sa maternité...
Charles, un sujet de séminaire pour le semestre à venir ?


Frederico () a dit:
Il faudra contacter TheButtGrinch dans ce cas: un boobologist .


Robert () a dit:
quand même très loin de la puissance formelle et épidermique du cinéma sensoriel de Claire Denis (Trouble Everyday) ou Grandrieux (Sombre)