| Attiré par un article élogieux dans l'Humanité, je me suis empressé d'aller voir ce film bolivien vanté comme un retour à la symphonie urbaine façon Ruttmann. En fait, l'œuvre se révèle pour le coup vraiment singulière. Elle oscille entre plusieurs formules, pour certaines très contemporaines, comme le "réalisme magique" faisant alterner vues documentaires d'un trio de mineurs au chômage traînant dans La Paz pour des petits boulots occasionnels de porteurs et visions en tempo Werasethakul d'un clodo-chaman joint vissé au bec, et, en effet, délires montagistes ultra-rapides pas vus depuis les années 1920 (ou du moins les films sur le travail de Van der keuken dans les années 1970 et, évidemment, les classiques eighties de Godfrey Reggio) qui décrivent avec moult mickeymousing les mécanismes de la circulation des biens de production, de la mine au marché de la Paz. Il y a même une incroyable scène de choré "Thriller" (oui, le clip de Jackson) en plein bidonville bolivien. Il fallait le faire! Bref, je ne sais pas comment parler de ce truc qui a gagné un prix spécial à Venise 2021, mais disons que, voilà, c'est assez original pour mériter le coup d'œ¡l. Moins cinglant que prévu, malgré tout, dans le discours social, puisque gagné par le rapport au mythologique que la branchitude film-school contemporaine ne cesse de célébrer. |