Oui vous ne rêvez pas. Nous sommes en 2022 et un film d'animation estampillé Dragon Ball sort en salle et à Lausanne en plus ! Je vous rafraîchi la mémoire (ainsi que le mienne) : On a donc le manga Dragon Ball de Akira Toriyama publié de 1984 à 1995. La première partie est adapté en série animée sous le titre Dragon Ball de 86 à 89 (la partie qui, mêlant aventure, action et comédie, est une vague adaptation de La Pérégrination vers l'Ouest), puis Dragon Ball Z de 89 à 96 (la partie où on cogne sur des ennemis de plus en plus fort dans des combats de 20 épisodes où rien ne se passe). Durant cette période il n'y a pas moins de 17 films d'animation Dragon Ball qui sortent en salle au Japon, mais c'est des objets hybrides qui reraconte où développent des passages de la série dans des formats d'une cinquantaine de minutes prévu pour être des premières parties de double-bill dans leur exploitation en salle (le dernier fait 80 minutes est est une sorte de condensé de la première série ?). De 96 à 97 la Toei sort deux saisons de Dragon Ball GT, une serie animée originale suite de DBZ pour laquelle Toriyama ne fait que quelques design de personnages... puis, le grand désert. Il faut attendre plus de dix ans pour que sorte Dragon Ball Kai, série qui est en fait une sorte de remaster de Dragon Ball Z en version 16/9 (mais aussi disponible en 4/3) qui a nécessité pas mal de travail vu que, évidement, les celluloïds utilisés pour la série d'origine avaient été détruits... Succès de Kai ou succès à rebours de Dragon Ball Z aux Etats-Unis (ils ont étrangement découvert ça dans les années 2000), tout est il qu'en 2013 puis en 2015 sortent trois décennies après la création de la franchise les premiers véritables long métrages d'animation narrant des événements inédits liés à Dragon Ball Z : Battle of Gods et Resurrection F. Toriyama se pique même de faire le screenplay du second et le voilà qui replonge (un passage à la banque n'a pas dû nuire à sa motivation). Dès 2015 Toriyama se lance dans l'écriture d'une nouvelle série, Dragon Ball Super qui est toujours en cours de publication. On notera qu'il ne se charge plus du dessin. Je ne sais pas si c'est par choix ou par contrainte, mais ça semble assez logique que, même avec des assistants, un auteur de plus de 60 ans ne se risque pas à dessiner une série prépubliée (quand bien même c'est dans le mensuel V Jump plutôt que l'hebdomadaire Shonen Jump). Ce nouveau manga a bien sûr débouché sur une nouvelle série animée qui a d'abord reformulé le contenu des deux films DBZ puis suivi le manga durant 5 saisons avant de se conclure par un nouveau long métrage d'animation pour le cinéma en 2018 : Dragon Ball Super : Broly (du nom d'un antagoniste ?). Le manga a continué sans que je sache trop ce qu'il contient et nous voilà, enfin, à Dragon Ball Super : Super Hero. Ce dernier long métrage en date a trois particularités : la première c'est que malgré l'abondance des caméos et références, il propose un récit indépendant et clôt. Même si on ne connaît rien à Dragon Ball, on peut suivre les grandes lignes du récit. La deuxième c'est que le personnage principal est Piccolo (alias Satan Petit-Coeur pour celles et ceux qui regardaient le série durant le Club Dorothée) car les Son Goku et autre Vegeta sont sur une autre planète en train de s'entrainer. La troisième, non des moindres, est que le film emploie en très large majorité de la 3D avec un rendu en "cell shading" imitant l'aspect de l'animation traditionnelle avec des aplats de couleurs et le traçage des limites des objets et surfaces. Tout cela fonctionne par intermittence et c'est difficile de savoir ce qui est des problèmes artistiques ou de maîtrise technique. Par exemple, Toriyama injecte dans son histoire une bonne dose de comédie. Il y a des gags qui jouent sur l'absurde, d'autres un peu méta, d'autres situationnels mais presque rien ne fait mouche et c'est dur de savoir si c'est une inadéquation entre le style visuel et l'humour ou un problème de maîtrise du timing comique lié à l'animation en 3D... étrange. En parlant de la 3D, au début du film on est terrorisé. Il y a des plans larges de ville et de nature avec des routes, on dirait une pub cheap pour jeu sur smartphone d'il y a 10 ans. Il y a même des pépins techniques dans le rendu : un des personnages porte une chaine autour du cou et l'emboîtement des maillons mystifie l'algorithme et personne n'est venu retoucher ça (alors même que pas mal de plans sont pour tout ou partie en animation traditionnelle, c'est d'ailleurs à leur crédit que cette frontière soit souvent floue). Il y a aussi un certain nombre de plans larges ou de séquences d'envole où on a le sentiment que les personnages sont insérés dans les décors par composition vaguement bancale, c'est qui est quand même particulier pour de l'imagerie assistée par ordinateur. Cela dit, dès qu'on est dans des plans moyens ou serrés, qu'on tourne autours des personnages où qu'on vient saisir un geste ou une réaction, la qualité de l'animation et du rendu est excellente. La chorégraphie des affrontements ne casse pas des briques (hahaha), mais on est tout-à-fait dans les canons de la franchise. L'intrigue, qui voit resurgir des cartons l'armée du Ruban Rouge, et aussi dans les canons de la franchise : les personnages sont juste suffisamment fières et stupide pour s'assurer que l'histoire soit émaillée de baston. Tout cela est assez bon enfant, mais ne vole pas bien haut. Je mets une étoile, mais c'est un peu sévère. C'est peut-être la dichotomie entre une des plus grosse propriété intellectuelle des 40 dernières années et la relative indigence du projet. Peut-être aussi que ça paie le fait que ces gros machins pour ados un peu nuls (les machins, et aussi un peu les ados) sortent en salle alors que des choses comme Children of the Sea ne sort pas (si Jean-Luc me dit que je l'avais raté je monte à deux étoiles !) |