Film: The First Slam Dunk

Frederico () a dit:
Dans l'année 2022 j'ai mis un rattrapage de long métrage japonais d'animation (Mobile Suit Gundam: Cucuruz Doan's Island) qui d'une certaine façon me fait penser à ce The First Slam Dunk qui lui vient de sortir en salle à Lausanne. Pas de rapports thématiques entre les robots de combat et les gymnasiens basketteurs, mais des similarités techniques et de production.

Le film Gundam est le bébé de l'animateur principal de la série originale qui fait, 40 ans plus tard, un long métrage d'un épisode qui avait dû être confié à des mains moins expertes car il était malade. Ce The First Slam Dunk est, 30 ans plus tard, un cinquième film adapté du manga des années 90, scénarisé et réalisé par l'auteur lui-même, Takehiko Inoue, il vient conclure la série télévisée qui s'était arrêtée avant les chapitres consacrés au tournoi national.

Inoue on le connait plutôt sous nos latitudes (ne devrait-on pas dire "longitudes"?) pour Vagabond, son adaptation en manga de la biographie de Miyamoto Musashi. Si Slam Dunk est connu de mes services, je ne l'ai jamais lu pas plus que je n'ai vu les quatre films (qui font moins d'une heure) ou la série télévisée. Pourquoi ce film maintenant? Dur à dire. Une conjonction peut-être entre la stature obtenue par Inoue au fil des ans et l'évolutions des moyens techniques qui rendent plus facilement possible la représentation animée du basquet. Une des particularité de la série (étrange autre point commun avec le sus-mentioné Gundam) c'est une certaine idée de "réalisme" de la représentation du sport et peut-être qu'il a fallu attendre la maturations des techniques et leur mélange pour pouvoir faire le film dont Inoue rêvait.

La trame de ce film de plus de deux heures. Un match. L'équipe faite de bric et de broc des personnages principaux et la machine bien huilée des champions en titre du tournoi national inter-gymnases. Pas une finale, un deuxième tour du tableau éliminatoire. Pendant un moment, on croit qu'on va avoir littéralement le match dans son entièreté avec toutes les actions (ce qui aurait été, il faut bien le dire, assez hallucinant), mais on a déjà une dose qui a peu d'équivalent dans d'autres films sportifs avec peut-être 70% des phases de jeux représentées. Le reste du métrage est principalement fait de flash-backs qui soulignent les motivations et les relations entre les différents co-équipiers (les spectateurs non familiers de l'univers doivent déduire pas mal de choses, mais on n'est pas totalement largué). Etonnamment, le personnage qui se détache n'est pas le héro du manga (Sakuragi, un lead comique, prétentieux, idiot, mais un athlète-né dont la confiance inébranlable abat des montagnes), mais le petit meneur de jeu qui tente de remplir les chaussures laissées vide par son frère défunt.

On notera que cette dilatation hors norme, correspond à celle du manga car presque un cinquième des 275 chapitres (6 des 31 volumes de l'édition reliée) est consacré à ce seul match!

Quid de sa représentation? Le film utilise un tel mélange de techniques et parvient à un tel niveau d'homogénéité que souvent on ne sait pas ce qu'on voit. 2D? 3D? 3D réhaussée de 2D? Animation à base de capture de mouvement? Rotoscoping? À la main? Ce qui est certain, c'est que la caméra se mêle au joueurs pour une représentation du sport qui ne correspond pas aux canons de la retransmission télévisuelle. La complexité des gestes - positionnement des défenseurs, feinte de corps des attaquants - et des sons - les chaussures, la balle, le public, les appels et discussions des joueurs - n'ont pas véritablement d'équivalents. Je me mouille un peu, mais il me semble que c'est du jamais vu.

En plus d'être impressionnant, cela fonctionne plutôt bien. On doit chipoter pour trouver des limites à la ligne "réaliste" comme la précision exagérée des joueurs (on doit attendre longtemps avant que quelqu'un rate un shoot!) et la quasi absence de banc (2 remplaçants alors que normalement il y en a 4 ou 5). Autre réserve, certains moments clés sont un peu émoussé en étant les points culminants de trajectoires qui ne sont pas couvertes par le film. Malgré l'étonnant et convainquant résultat, les puristes et les traditionalistes, dont je fais peut-être un peu partie, peuvent aussi regretter le charme rarement présent ici de la gouache sur celluloïd.