Les films récents vus au NIFFF. Il y a trois films qui seront distribués en Suisse (Eddington, Sirât, Exit 8). Je sortirai les notules petit à petit. Le haut du panier: Rewrite Comédie japonaise de science-fiction qui revisite La Traversée du Temps (The Girl Who Lept Through Time), classique de la littérature adapté en un film d’animation d’Hosoda. L’idée est de raconter l’histoire du point de vue de l’adolescente qui écrira le livre dont elle sera narratrice. Sur cette idée, le film tisse un méli-mélo alambiqué qui nous entraîne loin de là où on l’attend. U are the Universe Comédie ukrainienne de science-fiction. Une sorte d’éboueur de l’espace (il est chargé de balancer des déchets nucléaires sur une lune de Jupiter), se retrouve être le dernier survivant de l’humanité après que la terre explose. Simple et efficace avec une bonne dose d’humour noir. The Ugly Stepsister Un autre classique revisité. Ici il s’agit de Cendrillon, transposé en Norvège et raconté du point de vue de la belle sœur que la méchante marâtre tente de rendre belle pour qu’elle épouse le prince charmant. Au programme, humour noir et grand-guignole inspiré de réelle secrets de beauté (rien de tel qu’un oeuf de ténia pour avoir la taille fine!). The Gesuidouz Un petit film indépendant comme seul le Japon semble savoir les faire: un groupe punk qui n’a pas trouvé son public est envoyé dans une ferme à la campagne pour tenter de composer enfin une bonne chanson. La front-woman stresse car elle n’a plus qu’un an pour devenir célèbre et mourir et ainsi devenir membre du Club des 27. Tendre drôlerie, mais la limite est peut-être que la fameuse chanson est plus proche des canons de la J-Pop nulle que du punk (même si la performance fonctionne dans son rôle de climax émotionel). Plutôt pas mal : Dead Talents Society Comédie fantastique taïwanaise. C’est du boulot d’être mort et de faire peur aux vivants pour faire tourner l’industrie des offrandes. Une has-been de l’épouvante prend sous son aile une loser sur le point de disparaître car sa famille l’oublie. On n’atteint pas les sommets de certaines comédies de taïwan ou du merveilleux Promoción Fantasma vu au NIFFF il y a quelques années, mais ça demeure sympa. Exit 8 Un jeu vidéo d’horreur au concept minimaliste devient un petit film high concept japonais mêlant paranoïa et humour. Un gars se retrouve dans un couloir de métro qui n’en est pas vraiment un. La règle est simple, si tout est normal, il faut qu’il continue vers la sortie, sinon il doit revenir sur ses pas. Cast réduit au minimum, décors presque unique, quelques effets spéciaux par-ci par-là et on est tenu en haleine durant 80 minutes. Une bonne surprise. Intéressant mais pas convaincant: Sirât Un film très étrange dans le milieu de marginaux qui vont de rave sauvage en rave sauvage au Maroc. Sergi Lopez y incarne un père accompagné de son fils qui cherche sa fille disparue. Le reste du cast est des non-professionnels issus du milieu représenté. Il y a de belles séquences de rave accompagnées de la musique sombre de Kangding Ray et des déambulations dans le désert marocain qui font penser à Fury Road, mais malheureusement, le scénario lâche l’épure pour plonger dans une surenchère assez ridicule. Eddington Ari Aster s’essaie au brûlot satirico-politique qui renvoie dos-à-dos complotistes, maga-adjacents, activistes wokes et hypocrisie politique. Ce film de deux heures et demi, soufre de l’effet Grand Theft Auto (quand tout le monde est stupide ou hypocrite ou les deux, le spectateur n’a personne pour qui tenir), et sa volonté de tout mettre à plat lui fait créer très stupidement des équivalences entre des choses qui ne sont pas équivalentes (on pense à la citation de The Newsroom, je paraphrase, “Si au Congrès les républicains disent que la lune est en fromage et les démocrate disent qu’elle ne l’est pas, l’information objective ce n’est pas de dire que le Congrès n’arrive pas à décider si la lune est en fromage ou pas”). The Thing with Feathers Un artiste de livres pour enfant doit trouver une nouvelle façon d’être père tout en faisant le deuil de sa femme morte d’un coup du sort. Il est hanté et accompagné dans ce processus par l’homme-corbeau qu’il dessine. Solidement fait, mais j’ai été peu sensible au sujet. Cloud Kiyoshi Kurosawa livre une fable noire sur… le capitalisme? La rapacité du genre humain? Un gars dont la soif de profit est plus grande que le sens moral fait de son à-côté de revendeur son activité principale (il achète à bon prix des choses qu’il revend - beaucoup - plus cher sur Internet). Comme lui et tous les autres personnages oscillent entre sociopathes et psychopathes ça part en sucette… mais ça perd aussi le spectateur en route. The Old Woman with the Knife Thriller sud-coréens sur une tueuse à gages en fin de carrière qui se retrouve à lutter contre un collègue. Pas horrible, mais pas au niveau de se qu’on peut espérer de ce genre de produit. Baby Assassins : Nice Days Mélange de John Wick et… de Daria? Il s'agit là d’un troisième film qui suit les aventures d’un duo d’adolescentes japonaises qui sont membres d’une société secrète de tueurs à gages. On a droit à une bonne dose de gun-fu dont certains éléments chorégraphiques sont pas mals et il y a aussi un sacré engagement physique des actrices car il y a beaucoup de longs plans moyens où on ne peut pas tricher: il faut faire les choses. Il y a beaucoup de passages criards, une grosse dose de comédie souvent pas très drôle, et l’intrigue emberlificotée sans être captivante done l’impression que le film est bien plus long que ses 1h40. Hi-Five L’idée de base de cette comédie coréenne de super-héros est marrante: un Dieu antique meurt (se suicide?) à moto. Du coup ses organes sont greffés à 5 quidams qui se découvrent des super-pouvoirs. C’est rigolo, mais là encore ça peine à captiver sur la longueur. Noise Film d’horreur coréen. Une jeune femme sourde eménage dans l’appartement de sa soeur disparue. Cette dernière traversait une mauvaise passe, obsédée par des bruits inexplicables dans son appartement. Un produit assez calibré et plutôt réussi, mais ça ne perce pas trois tympans à un canard. Touch Me De l’indé américain vaguement queer. Comédie (pas très) érotique, qui suit deux coloc’ emenageant chez un extra-terrestre vaguement inquiêtant mais aussi amant extraordinaire et addictif. C’est pas génial, mais en comparaison avec d’autres films plus bas dans cette liste, on a un cast de C-listers, mais une C-lister américaine comme Olivia Taylor Dudley, au style quelque part entre Patricia Arquette et Kristen Stewart, peut livrer un monologue d’ouverture de 5 minutes en plan fixe et ça dépote. Hallow Road Du high concept irlandais. Un couple se fait réveiller par un téléphone en pleine nuit: c’est leur fille qui vient de shooter quelqu'un au milieu des bois. Le couple saute dans leur voiture et foncent sur place et 90% du film est les discussions entre ce duo dans leur voiture et avec leur fille au téléphone. Un tour de force raisonnablement réussi. On ne s’ennuie pas, mais ça ne casse pas trois pattes à une auto-stoppeuse. Un peu naze: Que ma volonté soit faite L’engloutie La tour de glace Critique groupée pour ces trois films: une sorcière à la campagne, une maîtresse d’école dans les montagnes, une orpheline prise sous son aile par une actrice. Trois films où des scènes se suivent, mais comme personne, à commencer par les scénaristes, ne sait ce que veut le personnage principal, ça ne va nul part et tout le monde s’en fout. New Group Fable satirique japonaise au trait épais. Hypnotisés par leur quotidien, des écoliers s'agglutinent en une pyramide de plus en plus grande. Culte? Manipulation général? Surtout ennui total. A useful ghost Film thailandais d’une grande originalité où… pour tenter de synthétiser l’impossible, une fantôme qui hantait un aspirateur se retrouve engagée comme exorciste pour un chef d’entreprise… C'est du super arty absurde pince-sans rire, mais ça ne m’a pas arraché un sourir. Reflet dans un Diamant Mort Pastiche de film d’espionnage européen (italien?) des années 60/70 qui malheureusement n’est qu’un pur exercice de style absolument stérile au lieu d’être un film rétro. Le nanar' de la semaine: Obex Du vrai film fauché. Un gars est plongé dans un jeu vidéo et… franchement, j’ai des potes qui dans les années 90 avaient improvisé un film d’horreur lors d’un week-end entre amis dans un chalet et c’était mieux que cette purge. |