Film: Une Nouvelle Amie

Frederico () a dit:
Je reste à trois, car tant qu'à faire une sorte de féerie queer, il devait y avoir moyen de sauver le personnage du mari. On peut également reprocher au film de faire un amalgame pas très claire entre travestissement et transexualisme qui sont tout de même deux réalités très différentes.

Anaïs Demoustier a un charme fou, particulièrement, comme dans 'Situation amoureuse: C'est compliqué', quand elle redouble d'espièglerie.


Charles-Antoine () a dit:
Malgré quelques maladresses mineures, quelle réussite enthousiasmante (dramaturgie, décors, photos, discours, interprétation, costumes, musique, etc.). Je pousse à quatre car Ozon maîtrise très rarement, je trouve, ses films de bout en bout. Or là, c'est le cas, notamment parce qu'il assume peut-être mieux qu'ailleurs sa filiation hitchockienne, avec son exploration de la perversité (polymorphe, donc qui n'est problématique qu'au plan social) de cette bourgeoisie blanche et catho, dans cet univers périurbain (incroyablement nord-américain, puisque en partie au Canada)

Spoiler: je ne suis pas certain que le mari, Fred, ne trouve pas une place (même fantomatique) dans la scène finale dans le sens où l'enfant que porte Claire pourrait bien être de lui, mais c'est tout l'enjeu de la dimension queer du film que de maintenir cette ambiguïté. D'ailleurs, il n'y a pas de volonté de rendre cette scène parfaitement lisible (Claire étant la marraine de Lucie aussi).


Robert () a dit:
Très beau film en effet.

Fred, je trouve que l'ambiguïté entre le travestissement et la transsexualité s'inscrit bien dans le mélange général des genres à l'œuvre dans ce film où toutes les identités et les frontières entre celles-ci deviennent floues.

Par contre je suis d'accord avec toi sur le rôle trop unilatéral réservé à Gilles. Le film aurait aussi pu lui donner la possibilité de redéfinir son orientation sexuelle - possibilité que l'on envisage lorsqu'il croise des prostitués travestis/trans sur la route et lors de la scène de rapport homo entre lui et David sous la douche fantasmée par Claire - et ainsi magnifiquement permis une relation à trois.

Malheureusement après une dernière réplique assez bouleversante, le plan final referme un peu ces possibles, et le fait qu'il se passe sept ans après nous laisse à penser que l'enfant est bien de David-Virginia, lecture que confirme Ozon.

En cela je trouve que le film se donne trop comme un manifeste en lien avec les questions qui ont traversées la France récemment, au lieu de repenser les normes mêmes du couple et de la maternité/paternité.

Par opposition je suis toujours bouleversé par la fin de la Vie d'Adèle qui montre un personnage s'étant autonomisé, n'ayant plus besoin de l'autre pour survivre et à qui toutes les formes de relation, ou l'absence de relation, semblent s'offrir. Un état de solitude assumée, de liberté.