1,5: un objet bizarre, incroyablement vulgaire, parfois drôle, souvent bien vu, mais terriblement long et pénible à endurer. Et puis ça fait bizarre de regarder un petit film "personnel" de Michael Bay et de se dire que le cinéma dont il est le plus proche au plan discursif est celui... des frères Cohen (je me suis d'ailleurs rappelé que le premier "petit film" que Bay avait voulu faire était A Simple Plan, lui aussi proche du cynisme cohenien). |
Je trouve le film très dur à noter. C'est par moments assez bien, assez grinçant. Le jeu avec les multiples narrateurs (les membres du gang + l'instance extérieure qui appose des commentaires scripturaux) est assez marrant aussi... mais... le film making est foutraque à souhait et la comédie marche très très rarement. Au début à cause d'une certaine mixité de ton et ensuite quand on réalise que cette histoire de pieds nickelés inspirée de faits réelles est atrocement glauque. La comparaison avec les frères Cohen n'est pas anodine, vu que Fargo est également inspiré de faits réels. Alors pourquoi était-ce drôle dans Fargo et super glauque dans Pain & Gain? Le fait que le spectateur n'est plus le même joue sans doute un rôle, mais il me semble aussi que les Cohen s'approprient totalement le récit. Ils regroupent plusieurs faits divers, les mélanges en une histoire qu'ils plantent dans leur neige natale et stylisent la violence (un rideau de douche qui s'agite, du rouge qui jailli d'une broyeuse). Bay, lui, change des noms, fond plusieurs personnes dans un unique personnage, ajoute des péripéties mais... colle de près au fait divers qui a défrayé la chronique d'alors et nous passe par le menu les tortures, agonies et meurtres des victimes tout en se tapant sur les cuisses... Le film se pose comme l'adaptation d'une série d'articles. J'ai l'impression que dans la forme journalistique, ça doit être possible de prendre un ton distancié qui fait rire jaune devant l'horreur absurde et rocambolesque des événements sans pour autant manquer de respect aux victimes. Bay ne trouve pas cet équilibre au cinéma. |