Je surnote un peu, mais j'ai été vraiment très agréablement surpris. Même si le film est un peu maladroit et parasité par la tentation lourdingue de faire étalage d'une certaine culture cinéphilique, Lionel réussit en partie à émuler cette part du cinéma populaire qu'il affectionnait (Lubitsch, Jugnot...) tout en abordant des problématiques contemporaines sérieuses (Europe, révoltions, médias, sexualités...). En plus, c'est son premier film depuis ses documentaires où on peut ressentir un peu d'empathie pour les personnages, ce qui chez lui relève de l'exploit. Enfin, le film est souvent drôle. Deux regrets notables: sans être catastrophique, Bron est vraiment une erreur de casting; et il faut qu'il laisse tomber son fantasme de faire l'éducation d'un personnage pasolinien (le jeune éphèbe fan de Pagnol qui perd sa figure paternelle... on se croirait encore dans Garçon stupide, même si - et ça change beaucoup - il n'est plus stupide). |
J'aurais pu mettre une étoile pour équilibrer avec Charles-Antoine, mais ça me paraissait trop sévère. Je trouve que les éléments de comédie sont assez inégaux. Après, le seuil au-delà duquel on trouve quelque chose drôle dépend pas mal de la salle et dans l'auditoire clairsemé d'un début d'après-midi, le film n'est pas tellement aidé par le public. Malheureusement, le vrai problème pour moi se situe ailleurs: si il y a un certain nombre de bonnes scènes (en particulier l'amnésique, condamné au présent, plongeant dans la ville), je trouve le film maladroit dans ses arcs dramatiques, ce qui rend le récit haché et les personnages peu clairs. Je pense à l'amnésique qui vide son sac sans cause aucune, qui se retrouve épris de la journaliste sans que cet émoi ne se construise, à la journaliste qui ne sait pas sur quel pied danser et qu'on ne sait pas comment prendre... A l'inverse, le technicien n'est l'objet d'aucune tension dramatique: il n'a pas d'histoire, pas d'évolution. Au final, malgré les réserves de Charles-Antoine, c'est l'éphèbe qui a la trajectoire la mieux structurée (en plus d'être le narrateur et d'être dans les meilleurs séquences de comédie). Symptomatique de ces problèmes: l'étiquette du Nagra. Il y a quelque chose d'élégant à s'en servir pour montrer la solitude du personnage puis pour entériner in fine le lien avec la journaliste, mais ça ne peut fonctionner que si on trouve un moyen d'intégrer ces deux pièces dans le puzzle. Il faut une raison pour montrer l'étiquette, mais ici il n'y en a pas, on nous la montre et c'est tout. Mieux vaut peut-être ça qu'une mauvais raison, mais en l'état c'est tout de même maladroit. |
Epatant. La première scène m'a fait peur... Heureusement, dès l'arrivée au Portugal et le duel des sandwiches, le film monte en puissance et égrène de très bons moments de comique. Qui plus est, on monte encore d'un cran lorsque la révolution s'en mêle. |