Film: Yes Minister (1980 - 1988)

Frederico () a dit:
Après avoir vu The Diplomat, ça m'a donné envie de plonger dans d'autres séries nageant des les eaux de la politique et de la gouvernance. Yes Minister, sitcom de la BBC, est une référence du genre. 3 saisons de 7 épisodes, un épisode spécial pour Noël ou le ministre du titre devient premier ministre, puis deux saisons de 8 épisodes avec le titre Yes Prime Minister.

Année 80 obligent, c'est du sitcom classique. Une poignée de décors (mais qui a priori ne sont pas adaptés à l'utilisation de spectateurs durant le tournage, donc on a droit probablement à une laugh track), une réalisation minimaliste, un nombre limité de personnage. Ce sont les dialogues qui font le sel de cette série: les discussions entre le ministre Hacker, un politicien falot, qui ne pense qu'a son image et l'impacte de ses décisions sur les urnes, et Sir Humphrey, un haut fonctionnaire roué, qui ne pense qu'à maintenir les mécanismes d'un système où le pouvoir réel est dans ses mains. Entre les deux, le fonctionaire aloué à Hacker, Woolley, est entre le marteau et l'enclume. D'une certaine façon il est la figure d'un certain idéalisme, il voudrait bien faire, mais lui n'a aucun pouvoir.

Ce qui frappe dans cette série créée il y a plus de 40 ans, c'est le nombre de thèmes qui sont encore d'actualité et la plume acérée utilisée pour décrire la complexité des mécanismes du pouvoir avec leur réseau d'intérêts contradictoires. Mais la formule est peut-être empoisonnée par un certain cynisme: l'appareil du pouvoir est décrit comme une machine vouée en premier lieu à sa propre préservation avec laquelle pratiquement rien ne peut jamais être accompli. C'est l'anti-West Wing à cette égard.

Cette série, réputée pour être la favorite de la Dame de Fer, a eu un énorme succès et a durablement impacté l'image que les anglais ont de la politique, et, d'une certaine façon, c'est assez glauque. D'un côté, cela donne un éclairage sur une complexité qui ne va pas de soi, mais de l'autre c'est un brûlot qui par la bande prône le démentiellement du service publique et érode la confiance dans les institutions. Du coup j'érode un peu la note.